G la date #2 : La journée de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité

L’Histoire est marquée par des événements dramatiques, dont certains restent gravés à jamais dans la mémoire collective. Parmi eux, les crimes contre l’humanité constituent un chapitre particulièrement sombre, tant par leur horreur que par leur ampleur. Qu’il s’agisse de la Shoah, du génocide arménien, des massacres du Rwanda ou des crimes de guerre en ex-Yougoslavie, ces événements posent une question fondamentale : comment les représenter sans les déformer ?

Le cinéma, en tant qu’art de l’image et du récit, joue un rôle essentiel dans la transmission de la mémoire. Il permet non seulement de témoigner des faits, mais aussi de susciter une réflexion sur les mécanismes qui ont conduit à ces drames. Toutefois, cette mission n’est pas sans dilemme : représenter l’horreur, c’est risquer de la banaliser, de la romancer ou d’en altérer la portée historique. Certains cinéastes optent pour le documentaire, comme Claude Lanzmann avec Shoah, afin de restituer la parole des témoins et de préserver l’authenticité du témoignage. D’autres, comme Steven Spielberg dans La Liste de Schindler, choisissent la fiction pour incarner ces récits et toucher un plus large public.

Le film La Zone d’Intérêt de Jonathan Glazer, sorti en 2024, marque, même, une nouvelle étape dans cette représentation. 

Si GCiné choisit aujourd’hui d’aborder ce sujet, c’est aussi parce que le 27 janvier marque la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, instaurée par l’ONU en 2005. Cette date correspond à l’anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau en 1945, un événement clé dans la prise de conscience mondiale des horreurs du nazisme. Chaque année, cette journée rappelle l’importance du devoir de mémoire et du combat contre l’oubli. Le cinéma, en tant que média puissant et universel, participe activement à la transmission des connaissances sur le sujet en permettant aux nouvelles générations d’accéder à ces récits et de prendre conscience des leçons de l’Histoire.

Pour conclure, les divers angles de représentation de l’esclavage au cinéma permettent d’affirmer que le 7e art est un moyen efficace de toucher les nouvelles générations en les informant et les sensibilisant, mais aussi de créer des ponts entre le passé et le présent. Toutes ces représentations fortes doivent nous inciter à continuer de produire des films engagés, pour faire réfléchir les spectateurs.rices aussi bien sur les évènements passés que sur les évènements présents. 

Dès lors, en quoi le cinéma constitue-t-il un outil privilégié pour se remémorer l’Histoire et transmettre la mémoire des crimes contre l’humanité ?

Bien que les crimes contre l’humanité soient souvent évoqués au cinéma, la difficulté de leur représentation apparaît toujours. D’emblée, la question de l’éthique s’impose : en cherchant à témoigner de cette réalité, ne prend-on pas le risque de la transformer et de lui être infidèle, voire de la trahir ? Certains cinéastes choisissent le documentaire pour évoquer par exemple le génocide juif : on pense notamment à Claude Lanzmann avec son film Shoah, sorti en 1985. Composée essentiellement de témoignages et de rencontres avec les témoins de ce crime, cette forme lui permet de garantir une certaine fidélité à l’Histoire, de ne pas déformer le réel par l’éventuel mouvement d’un récit. D’autres réalisateurs font quant à eux le choix de la fiction : par exemple, dans La Liste de Schindler en 1993, Steven Spielberg imagine l’horreur de cette extermination en tournant des scènes à l’intérieur des chambres à gaz, la rendant alors pleinement visible. Lors de la sortie de ce film, Claude Lanzmann critique d’ailleurs ce choix dans le journal Le Monde, affirmant que le fait d’entrer dans une chambre à gaz trivialise la Shoah. Le sujet ayant été longtemps tabou, il est encore parfois difficile de l’aborder à travers les images ; cependant, le 7ème art, peu importe la manière de représenter ces crimes contre l’humanité, se doit d’assumer le « devoir de mémoire » et de continuer de marquer l’inconscient collectif.

La Zone D’intérêt : un bouleversement dans la représentation de la Shoah au cinéma. En effet, ce film de Jonathan Glazer sorti en 2024 et Grand Prix 2023 du Festival de Cannes, nous montre une représentation encore différente de l’Holocauste. 

Synopsis : Le commandant d’Auschwitz Rudolf Höss et son épouse Hedwig réalisent sur un terrain directement adjacent au mur du camp leur vision d’une vie de rêve avec une famille nombreuse, une maison et un grand jardin. Cependant, lorsque Rudolf doit être muté à Oranienburg, leur petite vie idéale menace de s’effondrer ; il cache alors l’information à son épouse. Quand Hedwig l’apprend, elle refuse de quitter la maison de ses rêves.

Dans ce film, l’horreur ne nous est jamais vraiment montrée, mais nous la percevons beaucoup dans le son en hors-champs, par les aboiements des chiens des SS, les camions, les cris et surtout un bruit sourd présent tout au long du film. Cela fait comprendre aux spectateur.trice.s que le camp est là, qu’il est présent et qu’il accomplit l’atrocité pour laquelle il a été conçu. Le contraste entre la vie banale de la famille Höss et l’horreur du camp que nous nous imaginons renforce la monstruosité et met le spectateur dans un malaise et un inconfort permanent. De plus, le dispositif de tournage, qui ressemble à un dispositif de télé-réalité – c’est-à-dire que de nombreuses caméras ont été placées dans chacune des pièces – permet de garder les personnages à distance de l’écran : il n’y a jamais de gros plan, empêchant la naissance d’une forme d’empathie pour cette famille. Ce manque d’identification renforce une fois encore la perception de l’horreur.

Notre sélection de 5 films qui traitent le sujet des crimes contre l’humanité :

Réalisateur : réalisé par Mark Herman en 2008

Synopsis : Seconde Guerre mondiale. Bruno a tout juste 9 ans lorsque son père, un officier nazi remarqué par le Führer, se voit confier le commandement du camp de concentration d’Auschwitz. Le petit garçon n’apprécie guère de devoir quitter la belle et grande maison de Berlin pour se retrouver dans une demeure isolée et triste. De sa chambre, il aperçoit des hommes, des femmes et des enfants tous vêtus de pyjamas rayés. Personne ne lui explique qui ils sont, mais l’innocence aidant, il va se lier d’amitié avec un enfant juif…

Avis : Allociné : 4.5/5        Sens Critique : 7.1/10

Réalisateur : réalisé par Roberto Benigni en 1998

Synopsis : En 1938, Guido, jeune homme plein de gaieté, rêve d’ouvrir une librairie, malgré les tracasseries de l’administration fasciste. Il tombe amoureux de Dora, institutrice étouffée par le conformisme familial et l’enlève le jour de ses fiançailles avec un bureaucrate du régime. Cinq ans plus tard, Guido et Dora ont un fils : Giosue. Mais les lois raciales sont entrées en vigueur et Guido est juif. Il est alors déporté avec son fils. Par amour pour eux, Dora monte de son plein gré dans le train qui les emmène aux camps de la mort où Guido veut tout faire pour éviter l’horreur à son fils…

Avis : Allociné : 4.4/5            Sens Critique : 7.8/10

Réalisateur : réalisé par Andrzej Munk en 1964

Synopsis : Liza subit un choc quand, lors d’une croisière en compagnie de son mari, elle croit reconnaître parmi les passagers une jeune femme, Marta, ex-détenue du camp d’Auschwitz où elle était surveillante SS. Liza, dont le mari ignore cette partie de sa vie, se souvient de son passé terrifiant. Ce sont d’abord des fragments en vrac qu’elle arrange afin de construire un récit à l’intention de son mari, et dans le but de se justifier, mais peu à peu la véritable histoire se reconstitue.

Avis : Allociné : 4.6/5       Sens Critique : 7.4/10

Réalisateur : réalisé par Stanley Kramer en 1961

Synopsis : En 1948, le juge Haywood est envoyé à Nuremberg pour présider le procès de quatre magistrats allemands accusés de trop de complaisance à l’égard du régime Nazi. L’un d’eux, Janning, se renferme dans un silence méprisant et, en écartant les témoignages et les films sur les camps de concentration, dit qu’il n’a fait qu’appliquer la loi en vigueur…

Avis : Allociné : 4.1/5      Sens Critique : 7.9/10

Réalisateur  réalisé par Laszlo Nemes en 2015

Synopsis : Saul Ausländer est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d’assister les nazis dans leur plan d’extermination. Il travaille dans l’un des crématoriums quand il découvre le cadavre d’un garçon dans les traits duquel il reconnaît son fils. Alors que le Sonderkommando prépare une révolte, il décide d’accomplir l’impossible : sauver le corps de l’enfant des flammes et lui offrir une véritable sépulture.

Avis : Allociné : 3.7/5      Sens Critique : 7.1/10

Auteurs/autrices

Autres articles :

  • Tous les articles
  • 2021
  • 2022
  • 2023
  • 2024
  • Blog
  • Gbienhâte
  • Gbienvu
Voir plus

C'est tout pour le moment.

© Gciné, 2022-2024 – Webdesign: Clotilde Sarradin – Développement web: Double W – Tous droits réservés